Pour saisir l’intention d’André Ruyters (1876-1952) dans Le Mauvais-Riche, un ouvrage hybride imprimé en février 1907 sous la forme que nous reproduisons, il convient de remonter le temps.
Car le projet, bien qu’il soit exposé par l’auteur lui-même dans un «Avertissemen », s’éclaire surtout à la lecture de la dernière partie (l’avant-dernière si l’on tient compte des trois «Notes», elles ont leur importance, par lesquelles se clôt le volume).
Les «Lettres choisies» ont été prépubliées du 25 décembre 1898 au 26 février 1899 dans L’art moderne, «revue critique des arts et de la littérature» paraissant le dimanche à Bruxelles. Le comité de rédaction est constitué d’Octave Maus, Edmond Picard et Émile Verhaeren. Réunis, les cinq textes sont devenus, comme l’annonce L’art moderne le 19 mars de la même année, «une élégante plaquette de cinquante pages, tirée sur papier des Vosges et éditée par M. Lacomblez» à Bruxelles. En revue et en volume, le titre de l’ensemble est: La correspondance du Mauvais-Riche.
Tout cela ne dit pas qui est ce Mauvais-Riche autour duquel s’articulent les autres parties formant le livre que nous rééditons aujourd’hui. Un peu, quand même, puisque la dernière lettre, adressée à Luc l’Évangéliste, est explicite. Le personnage duquel s’inspire André Ruyters se trouve dans une parabole rapportée par Luc: «Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie. Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d’ulcères, et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères. Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli.»
Ce riche, considéré donc comme mauvais, est puni de son comportement parmi les vivants quand il gagne le séjour des morts. Mais, écrivant à Luc (qui, rappelons-le au passage, diverge singulièrement de Jean en rapportant cette histoire), le Mauvais-Riche argumente sur de tout autres valeurs. Qui traversent également, comme on le verra, les différentes parties de l’ouvrage.

2,99 euros ou 9.000 ariary

ISBN 978-2-37363-092-3