Henri-Philippe d'Orléans (1867-1901) a passé l'essentiel de son existence à courir le monde. L'Europe, l'Asie et l'Afrique ont été ses terrains d'exploration, dont il a ramené plusieurs ouvrages, des photographies et sur lesquels il a fait quelques découvertes. Ainsi qu'une mauvaise rencontre: à Saïgon, en 1901, il contracte le paludisme, dont il meurt.
Lors de ses deux mois de voyage à Madagascar, peu de temps avant l'expédition française de 1895, il cherche - et trouve - des arguments en faveur de la colonisation. Qu'il s'agisse de faire oeuvre noble de civilisation, de se reposer sur des arguments puisés dans le passé, d'envisager une expansion économique, tout lui est bon pour plaider l'usage de la force, avec des mots qui ne laissent aucune place à l'ambiguïté: «Baïonnettes, sortez du fourreau; grondez, canons; sonnez, fanfares et clairons!» Ce va-t-en-guerre se plaçait donc dans une tendance générale qui ne tarderait pas à faire lever les armes contre le royaume de Madagascar.
Pour adoucir, si c'est possible, le ton belliqueux de ce texte, j'y ajoute un extrait de L'âme du voyageur tel qu'il est paru dans La Revue de Paris le 15 mai 1896. Les belles descriptions ne modifient en rien son point de vue, mais apportent des émotions parfois détachées de celui-ci.