Qui est le docteur Louis Catat, auteur du récit de voyage que l’on va lire et qui, en préparation de la « conquête » de Madagascar, y est envoyé en mission exploratoire en 1889 ? Né en 1859, il n’a pas trente ans quand il débarque à Tamatave. Au retour, plusieurs journaux s’intéressent à l’explorateur qui n’a pas encore, notons-le, commencé à publier le texte qu’il donnera d’abord en feuilleton dans Le Tour du monde en 1893 et 1894 (c’est la version que nous suivons) avant de le revoir et d’en tirer la matière d’un fort volume – plus de 400 pages in-4°, abondamment illustrées – paru à la Librairie Hachette en 1895.
Le Matin va à la rencontre de l’homme et publie, en première page, le 4 février 1891, un article dans lequel on trouve cette brève description : « Le docteur Louis Catat est tout jeune encore. Petit, bien pris, l’œil franc et vif, le teint mat, le verbe clair et doux, très modeste et très net, il attire dès l’abord la sympathie. Ancien enseigne de vaisseau, il a bien l’aspect de l’homme qui a réfléchi entre les deux immensités profondes de la voûte céleste et de la mer. »
À peine rentré en France, Louis Catat ne se montre pas favorable à une colonisation : « Les puissances d’Europe ont reconnu notre protectorat et nous ont ainsi placés dans une situation excellente. Il convient de ne pas la compromettre en précipitant les choses. » Et le journaliste poursuit en traduisant, dit-il, « aussi fidèlement que possible les opinions et les idées de M. Catat », avec ces considérations raisonnables : « Il prêche la paix et déclare qu’une sage administration nous conservera, sans dommage pour le budget de la métropole, une île aux trois quarts gagnée à notre cause, et y établira notre souveraineté d’une façon indiscutable. »
Deux mois plus tard, Louis Catat est plus nuancé dans La Presse quand il répond à une question sur l’espoir de voir Madagascar devenir une colonie française : « Il est bien difficile de répondre d’une manière catégorique. Nul, en effet, ne peut prévoir ce que l’avenir nous réserve ; toutefois, il n’y aurait rien d’impossible qu’en s’y prenant très bien, on arrive, par exemple, à faire ce qui a eu lieu en Tunisie. »

3,99 euros ou 12.000 ariary

ISBN 978-2-37363-089-3